GUERRE

guerre

C’est un peuple dépenaillé regroupé sous des tentes de fortune.

Des femmes sont assises, les poings sur les oreilles tandis que les pales des hélicos hachent le soleil. Eclats de boule de bal, mire et miroir sur les vivants et les morts.

Sur la photographie, un jeune garçon noirci de coups est traîné par un pied. Son ventre gonflé est parcouru de veines bleues, ses cheveux d’algues collent à son front et une plaie blanche cisaille sa poitrine. En fond de scène, des chiens dévorent les chairs putrides, le mufle enfoui dans les entrailles vertes.

Rafale d’armes automatiques. Canonnades.

Les rues sont jonchées de lambeaux pourpres noircis sur leurs bords par le feu des obus. Des caillots panés de poussière éclatent sous les semelles.

Martèlement des Rangers dans l’escalier.

Un pli amer à la bouche et des croûtes de sommeil au bord des yeux, quelqu’un tremble et prie derrière la porte tambourinée à l’aube.

Images qui me percent à jour, cris d’encre à peine audibles, silences imprimés que je caresse comme des enluminures fragiles. Sur l’une d’elle, je tiens un fusil.

J’entends, à peine assourdi par le temps, l’écho des agonies.

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